Ras le bol de la contraception, et pourtant…
Odile Bagot, boomeuse née en 1959, est gynécologue, mère et blogueuse*, et rejoint pour notre plus grande joie notre rédaction. Elle nous livre son expertise de gynécologue et nous parle santé, gynéco, forme et bien-être. Cette semaine, elle nous parle de ménopause et contraception.
Petit rappel de la chronique précédente, Périménopause et Ménopause : tant que vous n’êtes pas complètement ménopausée, c’est-à-dire sans règles depuis un an, ou que votre FSH n’est pas supérieure à 25, il va falloir assurer votre contraception !
Contraception et périménopause
Certains modes de contraception sont à oublier, en commençant par cette bonne vieille pilule qui vous accompagne fidèlement (ou pas …) depuis si longtemps ! Quand je dis «pilule», il s’agit de l’association d’un progestatif et d’un oestrogène. Cette dernière hormone, qui répond au doux nom d’éthinyl estradiol, est particulièrement toxique du point de vue cardiovasculaire. Comme il nous est impossible d’échapper à l’âge de nos artères, pilule et vaisseaux sanguins ne feront pas bon ménage après 40 ans. Nous pendent alors au nez, phlébite, embolie pulmonaire, accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde, bref rien de bien réjouissant …
Pour celles qui vraiment ne veulent pas se passer de ce type de pilule, et à condition qu’elles n’aient absolument aucun risque vasculaire en dehors de l’âge (pas de tabac, pas d’hypertension, pas de surpoids, pas de cholestérol, pas d’antécédent cardiovasculaires familiaux), il existe deux spécialités dont l’oestrogène, contrairement à l’éthinyl estradiol, est théoriquement moins dangereux, ce sont Qlaira* et Zoely*. Cependant, restons prudentes en attendant que des études solides viennent nous prouver tout ça !
Si l’on tient à conserver une contraception orale, on peut toujours prendre une pilule progestative pure c’est-à-dire sans oestrogènes. Dans cette catégorie, on trouvera Cérazette*, Optimizette*, Antigone* et autres génériques. Ces spécialités sont très efficaces, habituellement bien supportées, suppriment l’ovulation et tant qu’à faire les règles. Ce me semble un bon compromis si vous êtes toujours accros à la pilule de vos 15 ans !
En matière de contraception progestative, on peut faire plus light avec un microprogestatif comme Microval* qui respecte le cycle et par conséquent les règles puisqu’il se contente de coaguler la glaire du col.
Et toujours dans la même famille, il nous reste l’implant Nexplanon*. Certes, sa puissance contraceptive est redoutable, mais est-ce vraiment nécessaire après 45 ans quand la fertilité est bien basse ? De surcroit, le profil de saignement sous implant est imprévisible. Un tiers des femmes n’a pas de règles, c’est parfait ; un tiers saignera de temps à autre, c’est acceptable ; un tiers saigne tout le temps, c’est l’enfer !
Si on préfère un stérilet, on a le choix entre ceux à la progestérone (Mirena*,Jaydess*) et celui au cuivre.
Même dit « hormonal » le stérilet à la progestérone reste une contraception locale. En effet, le passage sanguin d’hormone est minime et n’interfère pas avec le cycle. La progestérone ne fait que coaguler la glaire du col la rendant imperméable aux spermatozoïdes. En bonus, comme la progestérone est en contact continu de la paroi utérine (on ne va quand même pas vous retirer votre stérilet une fois par mois pour vous faire saigner !) vous faites l’économie des règles et ça, c’est pas du luxe!
Ce bénéfice secondaire est particulièrement intéressant en périménopause où les troubles du cycle sont fréquents, comme des règles tous les 15 jours à vous rendre exangue ! Pas top, mais alors, pas top du tout ! Avec un stérilet à la progestérone, c’est ni vu, ni connu, pas mal …
A l’inverse, le stérilet au cuivre a tendance à augmenter l’abondance des règles. Dans certaines contre-indications absolues aux hormones comme le cancer du sein par exemple, il peut trouver une place.
Le choix entre les deux types de stérilets doit vraiment se faire au cas par cas et en discutant avec son gynéco, quitte à tester l’un, puis l’autre !
Pour être complète, deux mots sur les contraceptions locales. Les spermicides, c’est pas défendu et largement suffisant en périménopause. Et la bonne vieille capote, on connait, et on sait que ça peut rendre service !
Enfin il reste une solution radicale, la contraception définitive avec le système Essure. Il s’agit de placer, en passant par les voies naturelles comme pour poser un stérilet, sous anesthésie locale ou générale, deux petits dispositifs à l’entrée de chaque trompe. Cela aboutit au bout de trois mois à l’obturation complète des deux trompes. Pas facile cependant de faire définitivement une croix sur sa fertilité même si raisonnablement on est certaine de ne plus vouloir d’enfant … C’est pour cette raison qu’un délai de réflexion de 4 mois est obligatoire avant toute pose d’Essure.
Voilà en quelques mots comment répondre à une des multiples questions qui se posent aux abords de la ménopause. J’avoue que pour la gynécologue, c’est la plus simple ! Dans le prochain article, je vous livre tous les bons tuyaux pour passer au mieux cette zone de turbulences !
[infobox bg= »redlight » color= »black » opacity= »on » subtitle= » »]Retrouvez aussi Odile Bagot sur son blog Mam Gynéco et sur sa page Facebook.[/infobox]
Photo Brigitte Lazaroo © Les Boomeuses
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