on ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie

« On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie » de et par Eric Feldman, un ovni théâtral

par Arielle Granat

Tandis que les spectateurs s’installent dans la salle, Eric Feldman est calé dans un petit fauteuil, scrutant son public. Son physique en impose, tandis que résonnent des musiques de Thelonius Monk, Gerry Mulligan et Chet Baker. Le comédien semble fan de jazz…

 

Et puis ça démarre. Eric Feldman nous la joue prof de yoga en préambule, demandant à son public d’être « détendu». Le texte vogue entre conférence, analyse et stand up, nourri de son histoire familiale. Vous voulez une définition de l’humour juif sur scène ? « On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie » sublime le genre, convoquant le meilleur de Woody Allen, Jerry Seinfeld et Isaac Bashevis Singer (« comme les machines à coudre »), réunis en un seul corps.

Un corps que dévoile Eric Feldman dans une scène de danse digne de John Cleese. Mais avant cela, le spectateur découvrira pourquoi on ne peut pas dire « auge-witz » au lieu de « Aocheu-witz » (et au passage le sens du « witz » freudien), comment on peut penser à Hitler après avoir fait l’amour et également pourquoi les membres de l’Amicale des anciens déportés d’Aocheu-witz (et de Haute-Silésie, il faut le préciser) étaient tous bénévoles. 

Eric Feldman se fait l’interprète de tous ceux qui, génération après génération, ont subi les traumatismes des crimes de masse transmis consciemment ou inconsciemment. En cela, son spectacle est universel et bouleversant. Hilarant aussi, évidemment. Le rire sauve. La musique aussi. Les fans de Serge Gainsbourg seront épatés par une chanson inédite qui nous est merveilleusement révélée, tandis que le chant des Partisans du ghetto de Varsovie résonne en final, magnifiquement porté en yiddish par Eric Feldman. Qui tire et pointe avec brio.

 

On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie
Texte et interprétation Eric Feldman
Jusqu'au 26 octobre
Du jeudi au dimanche (du 25 septembre au 12 octobre)
Du mercredi au dimanche (du 15 au 26 octobre)
Représentations à 19h, sauf dimanche 15h

Théâtre de la Porte Saint-Martin
18 Boulevard Saint-Martin
75010 Paris
01 42 08 00 32

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