Florence Pernel est à l’affiche de la nouvelle création de Jean-Philippe Daguerre (Adieu Monsieur Hoffman, couronné de quatre Molières), Le Huitième Ciel. Une pièce emplie d’humanité, d’amour, d’humour et d’espoir.
Agnès, superbement incarnée par Florence Pernel, est une femme de pouvoir arrivée en préretraite après avoir consacré sa vie à construire 27 gratte-ciel dans 27 pays d’Europe, au détriment de sa vie familiale. Sa fille unique, avocate, vit à Washington, et l’ennui s’installe lorsqu’elle se retrouve dans sa grande maison avec jardin aux côtés de son mari, professeur d’université à la retraite. Dans le rôle de ce dernier, Bernard Malaka impose sa force tranquille, portée par un timbre de voix doux et résolu à la fois.
Le monde d’Agnès s’effondre quand son mari lui annonce qu’il la quitte. C’est lorsque son jardinier – qu’elle semble découvrir alors qu’il entretient ses arbres depuis des années – lui demande d’accueillir un couple de sans-papiers géorgiens menacés d’expulsion, que sa vie va prendre une tournure qu’elle ne pouvait imaginer.
Le Huitième Ciel, une pièce qui traite avec finesse des sujets de la retraite et des préjugés
Sur cette trame, Jean-Philippe Daguerre traite avec finesse des sujets de la retraite et des préjugés, offrant à ses acteurs des dialogues ciselés où l’humour le dispute aux émotions. Loin des clichés sur les migrants (à l’exception des costumes du couple de Géorgiens, qu’on croirait sortis des Deschiens), Le Huitième ciel est une belle réflexion sur le regard porté aux autres, et sur ce qui fonde un couple.
Si Florence Pernel séduit dans tous les sens du terme, entre élégance, frivolité, grâce, humour et tendresse, l’ensemble de la distribution est au diapason. Bernard Malaka se révèle à la fois terriblement raisonnable et profondément touchant, formant avec Florence Pernel un couple qui fonctionne à merveille.
Florence Pernel et Charlotte Matzneff
Une mention spéciale à Charlotte Matzneff, qui incarne à la fois Anna, la jeune réfugiée géorgienne, avec une puissance comique qui fait mouche à chaque regard et réplique, et joue également Jeanne, la fille d’Agnès.
Double-rôle également pour Marc Siemiaticky, parfait en jardinier bon samaritain et en avocat sanglé dans son costume croisé. Antoine Guiraud est particulièrement émouvant en mari d’Anna, confronté à la violence du déracinement et à l’angoisse de l’avenir. Enfin, Tristan Vrignault complète cette belle troupe, dans son rôle d’ex-assistant d’Agnès, séducteur au possible.
Avec Le Huitième Ciel, Jean-Philippe Daguerre et ses magnifiques comédiens atteignent des sommets.
Le Huitième Ciel
Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 16h30.
jusqu’au 19 novembre
Théâtre de la Bruyère
5 rue La Bruyère
75009 Paris
A.Granat
