Très peu de touristes, beaucoup de Vénitiens et la Sérénissime presque pour soi. C’est Venise en ce début juin. Une perle rare à pêcher sans attendre sur les rives de la lagune.
La ville nénuphar s’est reconstituée. Pour quelques courtes semaines une mauvaise pandémie lui permet de se révéler dans toute sa fascinante beauté. Peu de trafic sur la lagune et sur le Grand Canal, peu de monde dans les ruelles. Très peu de touristes si ce n’est quelques Français ou Allemands, davantage d’Italiens surtout les fins de semaine. Le silence de la ville surprend. La place San Marco, le Pont des soupirs, le pont du Rialto sont à vous. Sans forêts de perches à selfies, sans grappes de touristes à casquette de base-ball. Vous pouvez prendre tout votre temps pour admirer le soleil couchant jeter ses flammes dans les vitres des palazzis le long du Grand Canal et tout aussi tranquillement choisir votre table chez Florian sur la Piazza San Marco. Entrer dans la basilique est quasi-immédiat après qu’on ait pris votre température. Et c’est le moment rêvé de s’offrir un apéritif ou un dîner dans l’un des hôtels-palaces : c’est comme si on vous y attendait.
Contrepoint à tous ces charmes inespérés, beaucoup de boutiques, hormis celles nombreuses désormais tenant plus du « tout à 10 € made in China » sont fermées, certaines définitivement. Les grandes boutiques de luxe ont ouvert leurs portes mais la clientèle américaine, arabe ou russe n’est pas au rendez-vous et on ne se bouscule pas au portillon.
C’est le moment de flâner dans les quartiers moins touristiques où, souvent, au bout d’une ruelle, se dévoile une de ces places, grande ou petite qui permet de voir se dérouler la vie mystérieuse de Venise. Des passants y débouchent puis disparaissent sous une arche ou dans une rue étroite. Dans ce dédale on tombe sur le cadre « ordinaire » s’il existe, des Vénitiens. S’attabler aux terrasses de leur cadre quotidien, servis par d’authentiques Vénitiens et converser avec eux dans n’importe quelle langue.
C’est aussi déambuler dans le quartier plus populaire et plein de charme de Cannaregio et du Ghetto nuovo ou alto (rappelons que c’est à Venise que le premier ghetto fut créé en 1516 et jusqu’à l’occupation de la ville par Bonaparte en 1797). C’est un quartier très animé, artisanal et commercial et parsemé de petits restaurants très sympathiques. C’est enfin être assuré, pour une fois, de pouvoir visiter à l’aise musées et églises en prenant tout son temps pour admirer les œuvres les plus célèbres.
Une journée sur les plages clairsemées du Lido, une autre pour découvrir ou revoir les îles de Murano, Burano, Torcello et puis finir sa journée devant un Spritz bien frais, suivi d’un plat de spaghettis alle vongole (aux palourdes) ou de fegato alla veneziana (foie de veau à la vénitienne). Le tout conclu par un caffe ristretto c’est sûr : vous n’oublierez pas.
Les règles de sécurité sanitaire en ce mois de juin sont strictement observées : masques bien en place pour tous (y compris sur le vaporetto), désinfection fréquente des tables et chaises en terrasse, jauges contingentées pour les musées, spectacles et magasins. Les Vénitiens rencontrés sont dans une attente mitigée entre désir de voir revenir des touristes et rejet du sur-tourisme dans leur ville. Ils expriment peu d’espoir de voir leurs autorités y remédier et soupirent comme Cristina : « le problème c’est que le monde entier veut voir Venise et que ça ne s’arrêtera pas. C’était très insolite quand tout était fermé et que nous avions le couvre-feu mais, après un mois d’ouverture, tout va recommencer comme avant »…
Avant que « le monde entier » à nouveau se déverse sur la Sérénissime, décidez-vous vite à en profiter. Ce mois de juin, vous y serez encore comme en visite privée et plus envoûtés que jamais.
VENISE PRATIQUE
Guide du Routard Venise, Murano, Burano et Torcello si vous voulez, même en saison, échapper aux lieux les plus chargés et découvrir des curiosités méconnues
BONNES ADRESSES A DECOUVRIR
- Le Rosa Salva est à la fois un hôtel et un restaurant avec une grande terrasse extérieure. Si vous voulez vous mêler à la vraie population vénitienne c’est l’adresse à retenir.
- L’un des lieux encore méconnus de Venise et pour cause il est tout neuf, l’hôtel et restaurant Aquarius sur le Campo San Giacomo dell’Orio. Un mélange très réussi d’aménagement design dans un bâtiment ancien
- A découvrir, ne serait-ce que pour y prendre un verre : l’hôtel Aquarius, www.hotelaquariusvenice.com. La cour intérieure aménagée est un bijou design dans un écrin vénitien
- Sur le T Fondaco dei Tedeschi, premier centre commercial de luxe de Venise (LVMH y est majoritaire), on trouve des marques de luxe sur plusieurs étages mais surtout il y a le restaurant AMO dont l’architecture a été confiée à Philippe Starck et plusieurs artisans d’art associés au plus jeune chef trois étoiles au monde qui y officie, Massimiliano Alajmo
- Un tour à Murano ? Un peu à l’écart des boutiques de verriers, offrez-vous un pause ou un repas à la terrasse du restaurant Vetri, à la station de vaporetto Museo. A la fois très beau lieu d’exposition et restaurant-terrasse donnant sur l’eau. Passez aussi chez Monica Cavaletto au campo Santo Stefano. Elle crée, sur place ses bijoux en verre et on y trouve des accessoires originaux
- Un tour à Burano ? Ne vous laissez pas piéger par les restaurants de la rue principale. Allez découvrir un petit paradis qui fait de l’excellente cuisine, nommé Alla Maddalena. Une terrasse jardin donnant sur le canal juste devant la station de vaporetto Mazzorbo. Cette trattoria est à 5 mn à pieds du terminus de Burano où, le week-end, il faut faire la queue pour attendre le vaporetto du retour. Depuis Alla Maddalena, vous pouvez attendre assis tranquillement de voir venir le vaporetto qui vous ramènera sans avoir à faire la queue vers Venise.