« La Petite Boutique des horreurs », comédie musicale culte de Broadway, revient sur la scène du Théâtre de la Porte Saint-Martin. Et le public, comme son héroïne la plante carnivore gourmande, se régale !
A l’origine, « La Petite Boutique des horreurs » est un film tourné en 1960 (en deux jours !) par Roger Corman, cinéaste américain spécialiste des séries B, vénéré (entre autres) par Scorcese et Coppola. L’action se situe à New York, dans le quartier populaire du Lower East Side où se côtoient Noirs et Juifs. Gravis Mushnik est le patron acariâtre de la boutique de fleurs « Le jardin du ghetto », qui dépérit lentement faute de clients. Son employé Seymour y cultive une mystérieuse plante qu’il a baptisé Audrey II par amour pour Audrey, sa charmante collègue de travail. Audrey II va devenir l’attraction de la boutique et attirer les foules, mais, léger problème, elle se nourrit de sang humain, parle pour réclamer sa pitance et croît de façon inquiétante.
Adaptée à Broadway en 1982 par le duo Alan Menken et Howard Ashman, qui enchaîne succès après succès pour les studios Disney (La Petite sirène, La Belle et la Bête, Aladdin, Pocahontas…), puis à nouveau au cinéma en 1986 par Frank Oz (avec Rick Moranis et Steve Martin), La Petite boutique des horreurs est devenu un classique. Mise en scène brillamment par le duo Valérie Lesort et Christian Hecq, cette comédie musicale fait la part belle à la fameuse plante, absolument spectaculaire ! Créée par la plasticienne Carole Allemand et génialement animée par Sami Adjali, marionnettiste qui s’est notamment illustré au sein des Guignols, Audrey II fait le show, portée par la voix profonde et tonitruante de l’excellent comédien Daniel Njo Lobé.
Toute la troupe de chanteurs-comédiens-danseurs est au diapason. La très talentueuse soprano Judith Fa passe allègrement des Noces de Figaro à la comédie musicale, campant ici une Audrey mutine et pleine d’humour, en ravissante idiote surmontée d’une impressionnante choucroute blond platine. A ses côtés, le baryton Guillaume Andrieux (nominé en 2016 aux Victoires de la musique classique dans la catégorie Révélation artiste lyrique) se métamorphose en Seymour, engoncé dans un improbable costume vert (mention spéciale aux délirants costumes réalisés par Vanessa Sannino), avec des mimiques faisant irrémédiablement penser à Jerry Lewis dans Dr Jerry and Mister Love. Arnaud Denissel, que l’on a pu voir à l’affiche de Charlie et la Chocolaterie, est hilarant en bellâtre violent et apprenti dentiste sadique, coiffé d’une énorme « banane » de rockeur digne de Margerin, tandis que David Alexis, après avoir incarné Thénardier dans Les Misérables au Châtelet, est parfait en Gravis Mushnik tout en cynisme.
En guise de choeur antique, le trio de chanteuses composé d’Anissa Brahmi, Laura Nanou et Sofia Mountassir fait des étincelles, parodiant les Ronettes et autres groupes de Doo-wop à la perfection, accompagnées par un quintet de musiciens (Alphonse Cemin, claviers, Giani Caserotto, guitare, Simon Drapier, basse, Guillaume Lantonnet, batterie, et Arthur Lavandier, claviers) qui maîtrise parfaitement l’esthétique musicale des 50’s et 60’s, du rock’n’roll à la soul en passant par les codes très précis du musical.
La Petite Boutique des horreurs version Lesort et Hecq est un spectacle total, jubilatoire et savoureux, qui va ravir tous les fans, petits et grands, de comédies musicales. A déguster sans modération.
La petite boutique des horreurs Jusqu'au 23 novembre Théâtre de la Porte Saint-Martin 18 Boulevard Saint-Martin 75010 Paris Tél : 01 42 08 00 32
Lire aussi : Richard III : William Mesguich dans la peau du monstre shakespearien
