Alors nous serions ces « boomeuses » ventrues, repues, tranquillement installées à profiter d’un monde verrouillé ? Sérieusement, Monsieur Bayrou ? Nous, nées dans les années 60, avec des parents marqués par la guerre, qui avons bossé douze heures par jour pour arracher un bout d’ascenseur social aujourd’hui en panne ?
Nous avons grandi sans portable, sans surconsommation. Le même sac kaki ( mais quel sac !) pendant sept ans. Un Levi’s rêvé comme un Graal. À 14 ans, déjà au boulot pour payer nos vacances. À 18 ans, dans une chambre de bonne, parfois glaciale : loyers abordables, oui, mais études financées par des jobs ingrats. Rien d’un confort doré.
Puis sont venus les chocs pétroliers, le chômage de masse, les plans sociaux. Et les réformes des retraites à la chaîne : Balladur, Fillon, … Résultat ? Nous partons à la retraite bien après 65 ans. Rincées, mais toujours debout.
Boomeuses, boomeurs tous coupables selon François Bayrou ?
Et côté pandémies ? Les générations Y et Z ont connu le Covid. Nous aussi. Mais nous, en plus, avons traversé les années Sida. Une hécatombe silencieuse qui a emporté des amies, des frères, des amours dans l’indifférence générale. Deux traumatismes collectifs sur nos épaules.
Ajoutez à cela le sexisme. Nous avons subi. Nous nous sommes tues. Aujourd’hui, nous soutenons le combat #MeToo de nos filles et petites-filles, qui disent haut et fort ce que nous avons enduré dans le silence.
Nous avons été la génération des divorces, des doubles journées pour les femmes, des combats féministes et sociaux.
Boomeuse, la génération « sandwich»
Et aujourd’hui ? Nous sommes la génération « sandwich » : parents en fin de vie, enfants et petits-enfants à aider, coincés dans des loyers délirants, des études hors de prix, des jobs précaires. Et nous payons nos impôts, plus des droits de succession vertigineux.
Alors non, nous ne sommes pas une caste dorée. Nous sommes une génération qui a résisté, encaissé, transmis. Les jeunes le savent : nous les soutenons. Ce sont vos discours qui divisent, pas notre réalité.
Alors, Monsieur Bayrou, au lieu de chercher des boucs émissaires, régulez l’économie, taxez les vrais profits, réduisez les inégalités. Nous, les boomeuses, on a encore de l’énergie, de l’expérience et une sacrée envie de courir.
Alors un dernier conseil : laissez tomber vos clichés… et surtout : lâchez-nous les baskets.
Anne Bourgeois
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