Avec sa nouvelle création, James Brown mettait des bigoudis, qu’elle met également en scène, Yasmina Reza s’attaque aux thèmes de la parentalité, du genre et de l’identité avec des acteurs formidables mais un texte qui nous a déçu malgré l’immense talent déployé par ses comédiens.
Jacob Hutner (Micha Lescot) est Céline Dion, ou plutôt se voudrait la star québecoise, accent compris. Ses parents, Lionel et Pascaline (André Marcon et Josiane Stoléru), se sont résolus à le placer dans une « maison de repos » dirigée par une psychiatre à la fois résolue et fantasque (Christèle Tual), où Jacob se lie d’amitié avec Philippe (Alexandre Steiger), qui voudrait être noir, comme dans la chanson de Nino Ferrer.
La magnifique distribution qui compose la nouvelle pièce de Yasmina Reza ne suffit hélas pas à combler un texte qui se veut à tiroir, mais laisse au spectateur la désagréable impression d’une suite de saynètes sans réelle cohérence dont certaines sont pourtant très drôles, et on imagine sans peine ce qu’aurait pu être cette pièce.
De séquences chantées qui surviennent comme un cheveu dans la soupe à une scène de danse frisant le ridicule, l’auteure semble parfois – acte manqué ? – parodier les pires travers du « théâtre d’avant-garde ». Ses comédiens se perdent sur l’immense scène du Théâtre de la Colline, sans aucun doute trop imposante pour une mise en scène si étriquée, s’y déplaçant parfois comme des canards sans têtes.
Même si l’ensemble de la troupe tire admirablement son épingle de ces bigoudis (André Marcon et Josyane Stoléru, toujours parfaits, nous réjouiraient même en lisant le bottin), avec une mention spéciale pour la tirade glaçante de Christèle Tual sur Cendrillon.
Reste un sentiment de frustration, comme si Yasmina Reza, qui reste une extraordinaire auteure dont on est fan, était passée pour une fois à côté de son sujet.
James Brown mettait des bigoudis de Yasmina Reza
Jusqu’au 15 octobre
Théâtre de la Colline
15 Rue Malte-Brun Paris 20e
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