Harcourt rime avec glamour. En matière de portraits, ceux réalisés par le mythique studio photo restent le must absolu. Un passionnant livre, « Cosette Harcourt, un studio de légende » de Guillaume Evin (Hugo Doc), retrace l’histoire de sa fondatrice et de ce lieu qui continue à voir passer tout le cinéma français. Mais pas que…
A l’origine du célèbre studio parisien créé en 1934, on retrouve une femme.
C’est Germaine Hirschfeld, née en 1900 qui aura l’idée de fonder le Studio Harcourt, où vont très vite se presser les personnalités du Tout-Paris de l’Entre-deux-guerres. Moderne et indépendante, elle se choisit comme pseudonyme le prénom de l’héroïne de Victor Hugo et l’accole non sans humour à un nom qui fleure bon l’aristocratie française.
Cosette Harcourt devient, comme le souligne Guillaume Evin, une « mademoiselle Chanel » de la photo mâtinée de Françoise Sagan avant l’heure. Passionnée de photographie et de cinéma, son association avec les frères Lacroix, entrepreneurs de presse et publicitaires, va la propulser à la tête d’un studio qui devient rapidement légendaire. « On n’est pas acteur si l’on n’a pas été photographié par les Studios Harcourt » sera bientôt le mantra qui guide le cinéma français d’alors.
Inspirée par le modèle hollywoodien, Cosette Harcourt développe ce style inimitable en noir et blanc, où la lumière des projecteurs de cinéma sculpte les visages. Devant l’objectif se pressent Marlene Dietrich comme François Mauriac, Jouvet et Bardot, Dali aussi bien que Gabin.
Mais la grande idée de Cosette Harcourt et de ses associés est de faire du Studio Harcourt le passage incontournable pour une certaine bourgeoisie française, qui souhaitera, comme les « vedettes », se faire « tirer le portrait ». Plus de 300 000 personnes sont passées au Studio Harcourt parmi 3000 célébrités…
Le récit de Guillaume Evin, outre la vie très romanesque de Cosette Harcourt qu’il nous fait partager, éclaire aussi un passage peu glorieux de l’histoire du studio. En 1940, Cosette Harcourt, d’origine juive, est menacée par l’Occupation allemande. Jacques Lacroix l’épouse six semaines après l’armistice, pensant la protéger en lui donnant son nom. En vain, Cosette quitte la France pour l’Angleterre en 1942.
L’hôtel particulier de l’avenue d’Iéna, siège du studio, devient alors sous l’impulsion de l’autre frère Lacroix, Jean, le rendez-vous des vichyssois et des officiers allemands de passage à Paris. Laval, Doriot et moult collaborateurs ont droit à leurs portraits, tout comme les gradés nazis.
Tandis que Jacques Lacroix fait fabriquer des faux-papiers dans la cave du studio, y cache des armes pour la Résistance, et ne manque pas de protéger des juifs, à l’image d’une jeune femme de 19 ans qu’il engage comme vendeuse au Studio. Une certaine Henriette Simone Kaminker, qui aura aussi bientôt droit à son portrait Harcourt, sous le nom de Simone Signoret.
À la Libération, les uniformes de la France libre et des GI’s remplaceront ceux des nazis et des collaborateurs sous les projecteurs du Studio Harcourt…
« Cosette Harcourt, un studio de légende » regroupe quelques-uns de ces mythiques clichés et passionnera tant les amateurs de photo que les fans de cinéma et d’Histoire.
Et si vous avez envie, vous aussi, de passer à la postérité sous le logo culte Harcourt, il vous en coûtera entre 390 et… 2000 euros. À moins de trouver l’une des cabines photomatons labellisées « Harcourt » où pour quelques dizaines d’euros, vous repartirez de suite avec une photo, certes pas homologuée pour vos papiers d’identité… Mais on ne peut pas tout avoir !
Commander « Cosette Harcourt, un studio de légende » de Guillaume Evin (Hugo Doc) sur le site leslibraires.fr Le site du Studio Harcourt
© photos : Studio Harcourt / DR
Les avez-vous tous reconnus ? : Colette Harcourt- Louis Jouvet- Salvador Dali- Brigitte Bardot- Georges Pompidou- Un nazi – Simone Signoret-Joséphine Baker- Carole Bouquet.
Alain Granat, article paru sur Les Boomeurs, la déclinaison masculine des Boomeuses.
L'extraordinaire saga de Colette Harcourt fondatrice du célèbre studio photo
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2 commentaires
On se souvient d’une époque où on se faisait « beau » pour aller chez le photographe…ensuite la photo fût retouchée et on avait un beau portrait pour l’éternité.
La mode est plutôt au naturel ou carrément à l’image photoshopée … !
Oui, ces photos étaient quand même superbes ! Mieux qu’un selfie :))