Mon « bébé » est une femme !

par Les Boomeuses

Qui n’a pas eu cette révélation, quittant le matin une poupoune toute câline dans les bras de sa maman… pour la retrouver le soir toute pomponnée dans ceux d’un « petit copain ». Fulgurance dans le cerveau : que s’est-il passé pendant ces quelques heures où l’on n’a rien vu venir ? Et autre fulgurance, ce n’est peut-être pas la première fois qu’elle flirte et, elle ne m’aurait rien dit ? Pas possible… !

Nous voilà donc renvoyées à diverses problématiques, dont l’essentielle à ce moment précis est d’accepter que nos filles vont faire sous peu « la chose » sans forcément nous demander notre avis. Au plan sociétal, voire physiologique, la précocité et le savoir quasi exhaustif des ados sur la sexualité  les rendent légitimes à… acter le passage, donc à passer à l’acte.
Avec un peu de recul – nécessaire –  on peut donc se demander quoi et comment leur transmettre qu’elles ne sauraient déjà… Et en tant que mère, en quoi suis-je légitime de m’immiscer dans la sexualité de ma fille, n’est-ce pas antinomique avec cette juste distance teintée de pudeur qui devrait s’installer pour marquer les territoires respectifs et donner aux jeunes plus d’autonomie ? Et suis-je exemplaire en la matière, quand, l’âge venant, je me heurte à mes propres « insuffisances », mes doutes, mes peurs, et des valeurs qui sont les miennes et pas celles des générations qui suivent ?

Quand son bébé devient une femme

Toutes ces questions assaillent nos volontés de bien faire quand, au détour d’une salle de bain mal fermée, nous nous trouvons cette fois-ci nez à nez avec un « petit copain » dans le plus simple appareil… « Quoi, ma fille, déjà ? » ou, « encore ! » et sous-jacente, l’autre question « Au fait pour moi ça fait quelques jours (ou quelques semaines, ou mois) que je n’ai pas » etc.

Reçu en pleine conscience, en tout cas si c’est la première fois, que le monde ne sera plus comme avant. On a le choix d’ailleurs : il sera plus complice, plus  joyeux entre nos filles et nous, ou plus difficile à gérer entre cette nouvelle jeune fille et soi, et bien sûr entre soi et soi !

La sexualité des jeunes ressemble parfois à nos sociétés du tout tout de suite, du jetable et de l’angoisse de la répétition par peur de l’engagement et de l’ennui. Il y aurait là de quoi instaurer un dialogue, relier sexe, plaisir, amour et temps long par exemple… Mais n’est-ce pas de ce lieu de parole dont nous avons manqué avec nos propres mères, et peut-on l’inventer ?
On peut poser un dialogue de mère bienveillante qui a déjà vécu, ou de femme épanouie qui transmet le bonheur du plaisir partagé, l’importance du temps pris pour rencontrer l’autre, sans lequel la sexualité peut y perdre son âme. Quoiqu’on fasse, un nouveau  pas a été franchi : de l’enfant-bébé à l’enfant-femme, qui nous pousse à apprendre à nouveau le métier de mère… et ne nous empêchera pas, clin d’œil complice, de lancer dans l’oreille de notre progéniture « dis donc il est drôlement bien foutu ton mec ! ».

[infobox bg= »redlight » color= »black » opacity= »on » subtitle= » »]Danielle Rapoport est psychosociologue. Elle décrypte pour Les Boomeuses ce qui questionne nos vies. [/infobox]

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3 commentaires

matchingpoints 25 février 2015 - 16h10

Pas évident pour les mères de se trouver un nouveau rôle ! Nous c’est déjà fait, nos filles sont des adultes et l’une va dans quelques années, ce qui veut dire demain…se retrouver dans la même position. Mère/fille/copines, non, on n’y croit pas trop. Mais plus de complicité et de compréhension que nos mères avaient avec nous. Du coup, oui, nous pouvons lancer un clin d’oeil en disant, bravo, en se retenant toutefois à dire : si tu le veux pas, je le prendrais volontiers… 🙂

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Yza 15 juillet 2015 - 18h31

J’ai à la maison un bebe-femme de 19 ans. Il y a 4 mois elle m’a parlé de son « chéri » une nouveauté pour moi car elle était muette comme une tombe sur le sujet petit copain – Autant je voyais un tas de copines défiler à l’appart autant jamais un garçon n’avait franchi mon paillasson depuis la 6ème. Et coté confidence Rien – Lorsque ma petite chérie (heu grande chérie) a eu 16 ans je lui ai parlé contraception, son père s’est même lancé dans une explication préservatif. Echec sur toute la ligne : nous nous fait « rembarrer » par un « vous fatiguez pas chui au courant ». Quelques mois plus tard, au détour d’une conversation je lui ai lancé « Si tu as besoin de préservatif y’en a dans l’armoire à pharmacie » – Aucun commentaire lors de l’annonce mais quelques jours plus tard, elle balance à table : « j’ai fait rire mes potes en disant que vous m’aviez achété des préservatifs » J’ai toujours pas compris ce qu’il avait de drôle.. …j’ai aussi tenté « tu devrais prendre rv chez le gynéco ma chérie » nouvel échec car pas de réponse. Rien… Et cette année il y a 4 mois, elle me parle de son petit copain. On a fait sa connaissance d’une façon progressive : Il est d’abord passé une fois la chercher et aujourd’hui il reste dormir de temps en temps à l’appart. M^me mon mari, qui disait à qui voulait l’entendre que jamais sa fille n’amènerait un garçon dormir chez nous, s’est très bien habitué à cette nouvelle situation. J’ai toujours pensé que cela me paraîtrait bizarre de voir ma fille avec son petit copain dans le style une page se tourne etc, etc et bien pas du tout. C’était d’autant plus étonnant que lorsque ma fille a eu ses règles j’avais eu l’impression de dire au revoir à mon BB. Mais là Je les ai vu ensemble tous les deux et j’ai simplement été heureuse de voir le bonheur de ma fille et de son ami. Côté discussion sexualité j’ai eu droit à « Maman je vais chez le Gynéco tu me laisses un chèque  » suivi de  » où je peux faire mes analyses de sang ? » – Puis d’une façon décontractée elle a dit à son père « depuis que je prends la pilule, j’ai mal au seins »!!?? On peut pas dire que j’ai géré grand chose mais une chose est sûre c’est que je n’ai jamais tenté une approche « mère-copine » et que je suis heureuse sans me poser de question dans ce nouveau rôle

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mall 22 septembre 2016 - 19h25

Pour moi qui ai trois fils, la question s’est posée et se pose un peu différemment dans ce rapport autre . Je n’ai jamais ressenti le besoin de parler  » préservatif », car de toute évidence nous en parlions de manière générale et ils étaient, sont au courant. J’ai été ravie de voir enfin des jeunes filles « passer » à la maison, « passer » au début de leur vie amoureuse puis  » s’installer » dans la durée pour deux d’entre eux. Grand plaisir de ma part d’avoir enfin des belles filles à gâter, pour bavarder même si cela me fait toujours bizarre quand elles me parlent de mes fils, de ce qu’elles aiment chez eux, ou qui les dérangent .. Je me sens aussitôt comme une mère poule qui ne voudrait avoir que des compliments sur ses enfants..

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