Pourquoi être seule c’est bien ! C’est certain que si on regarde le tableau de Hopper « Automat », on se prend un gros coup de spleen devant ces visages plein de mélancolie, ces personnages attablés là au café, le regard dans le vague.
C’est la sinistrose garantie, mais si, moi qui suis une grande solitaire sporadiquement, je regarde ma vie, je me dis que ma solitude, je l’ai choisie, qu’elle ne m’est pas tombée dessus, que je l’assume, que je l’ai apprivoisée et que c’est grâce à elle si j’ai pu lever le voile sur des pans entiers de l’art aujourd’hui. Qu’elle a donc fait naitre une vraie passion.
Seule pour se ressourcer
Car, quand je suis seule, je lis, je me cultive, je me repose, j’écris, je pense et si j’ai envie de parler avec quelqu’un, je peux. J’ai pour ça des listes d’amis au téléphone appelés bizarrement « contacts » et je peux passer autant de temps que je veux avec eux, des voisins que je peux aller voir, des connaissances auxquelles je peux rendre visite, j’échange sur les réseaux sociaux où j’ai parfois des discussions enflammées. J’ai aussi un imaginaire qui déborde, je peux inventer des histoires que je ne vis pas mais qui, un temps m’habitent.
Je ne suis pas repliée sur moi-même, je suis ouverte aux autres, je sais que les autres sont là, dans une sorte de permanence et que donc, entrer dans ma solitude c’est m’accorder cette possibilité pour un temps, ou pour plus longtemps de m’absenter des autres.
Dans mon travail, je ne suis pas seule, je suis même sur-entourée, je parle à trente têtes en même temps, qui ne m’écoutent que peu, j’ai donc à faire des efforts pour être là au milieu d’eux, capter leur attention. Dans mes écrits, j’ai vous, mes lectrices et je communique avec tout un tas de femmes et d’hommes qui me deviennent familiers, que j’apprends à connaitre, qui me font rire, qui m’intéressent et m’attendrissent. Mon environnement humain est donc complètement plein, et c’est parce qu’il existe que je ressens de temps à autre le besoin de m’en extraire. J’ai une vie qui est, humainement extraordinairement riche tant je côtoie de gens différents.
Par exemple, là, j’ai décidé de m’extraire un temps des réseaux sociaux car j’ai besoin, rentrée à la maison, d’un peu de solitude après avoir parlotté toute la journée, de me retrouver sans échanger encore avec d’autres et pourtant je vous aime vous toutes qui me suivez çà et là ! C’est momentané, cette décision. J’ai des fils charmants, qui, certes ont leur vie à eux, mais prennent régulièrement de mes nouvelles et une petite fille aussi fantasque que sa grand-mère. J’ai presqu’une vie amoureuse avec mes robes, et je projette d’ailleurs une prochaine chronique sur le sujet. Je les regarde toutes bien alignées et c’est là une forme de jouissance.
« Une forme » car je caresse bien sûr le rêve d’avoir un jour un vieux mari, ce qui me fait un joli projet qui ne demande qu’à se concrétiser, et c’est quand même bien d’avoir un avenir aussi ouvert sentimentalement à mon âge.
Ma solitude j’ai envie de l’appeler « Ma liberté » ,“une fleur sauvage”.
[infobox maintitle= » » subtitle= »Dominique Mallié, blogueuse nous livre chaque mercredi sa vision de cinquantenaire sur des sujets qui la touchent, l’émeuvent ou la font s’interroger sous la forme de chroniques au ton décapant. Elle tenait le blog «chic, j’ai cinquante ans » sur l’Express Styles avant de rejoindre Les Boomeuses. Prof de lettres, elle organise régulièrement des lectures de textes qu’elle écrit dans sa ville d’ Avignon. Passionnée d’art, elle court les expositions et nous fera également partager quelques-uns de ses coups de coeur pour les artistes. » » bg= »gray » color= »black » opacity= »off » space= »30″ link= »no link »]
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7 commentaires
Voilà qui est joliment dit et c’est si juste qu’être seule de temps à autre est ressourçant. Je suis comme vous Dominique, j’apprécie ces moments , le soir ou entre deux horaires de travail, ou même le week end. Il m’est arrivé même une fois d’être surprise par ma propre voix car je n’avais parlé à personne pendant deux jours !
On ne peut se sentir bien à deux si on est pas bien seule, j’en suis persuadée, merci encore pour vos écrits !
Bonjour Dominique,
J’ai reçu un courrier électronique cette nuit, de votre adresse mail, me demandant de vous contacter (avec faute de conjugaison !) par SMS au 06 44 68 92 96.
J’ai beaucoup de doute concernant son origine.
A bientôt,
Catherine.
en effet, ma boite mail a été piratée , c’est ennuyeux car je ne sais quelles sont les limites de ceux qui font ce genre de choses … et oui, un contact m’a envoyé le mail reçu et il y avait une énorme faute … ça a été un gros stress
On a l’impression que vous parlez plutôt d’indépendance, de faire ce que vous avez envie de faire et de parler lorsque vous en avez envie ! Mais on peut être indépendante à deux, lorsque l’autre à ce même besoin de liberté. Il faut savoir profiter de ces moments pour mieux se retrouver. Nous avons des amies qui vivent en parfaite osmose avec leurs maris ne pouvant s’imaginer un seul instant de faire quelque chose sans eux. Ce modele a peut-être vécu ?
Je pense que l’un n’exclue pas l’autre et je ne fais pas un réquisitoire contre la vie de couple, qui peut être en effet fort agréable; j’essaye de voir de l’intérêt au fait de vivre seule, et j’en vois beaucoup d’intérêts.
Je crois qu’il y a des femmes en couple qui ne cessent de râler contre leurs conjoints mais pourraient difficilement vivre seules. J’ai eu pour ma part deux vies de couple et nous vivions chacun ce que nous avions à vivre dans nos métiers et nos passions différentes, mais c’était un vrai bonheur de savoir se retrouver et échanger sur ce que nous avions vêcu. Je crois que l’équilibre est là même si pour ma part, comme je le dis, je me plais dans ma vie seule, je ne pense pas la vivre sur du très long terme. Mais bon ça fait déjà 15 ans 😉
Vivre seule et être seule : deux situations complètement différentes. Vivre seul, cela peut être exaltant, nécessaire voire indispensable. En effet, si l’on n’apprivoise pas ce qui peut ressembler à une certaine solitude, comment bien vivre à deux ensuite ? Vivre en bonne intelligence, voire complicité avec soi même peut être un vrai bonheur, une richesse à engranger pour une autre période éventuelle.
Il,me semble que vu l’allongement de la durée de vie, peut être que les vies linéaires n’ont plus à être la norme. Les divers changements matrimoniaux pourraient intégrer ces périodes où l’on a besoin de se retrouver seule. Pour un temps où pour toujours,
La notion d’équilibre et de bonheur est tellement différente pour chacun. Elle ne passe pas obligatoirement par la case vie à deux. Cette solitude domestique permet effectivement d’avoir du temps réservé à soi, pour assouvir des passions, pour rêver, pour se sentir vivante aussi.
Pour être prête -ou pas- à faire de la place à l’autre s’il se présente. Parce que la priorité , surtout passé la cinquantaine où l’on a déjà beaucoup donné, c’est NOUS-MÊMES. En couple, en amour ou pas…..
Oui, Chantal, il est bon de trouver du plaisir à être seule car si un jour ça n’est plus le cas, ce qui ne saurait tarder je pense ( tout de même !) et bien, l’autre ne sera pas une béquille mais quelqu’un avec qui construire de façon équilibrée une relation pour les années à venir .