Les femmes de ma génération ont longtemps vécu le topless à la plage comme quelque chose d’hyper naturel : on se retrouvait entre amies, avec nos tantes, nos mères même ; rien de transgressif là dedans, il s’agissait seulement d’éviter les marques du maillot ; aujourd’hui seulement 12% des femmes font du topless à la plage.
Dans les années 60, Brigitte Bardot fait tomber le haut : geste provocateur destiné à rappeler que le corps et la sexualité relèvent de la liberté de chaque femme. Du geste osé, on passe à la norme et dans les années 80 la pub s’affiche en panneaux de 4X3 au dessus des autoroutes avec le slogan « Demain j’enlève le bas ». A l’époque, j’étais une jeune femme et je n’emportais dans mes pérégrinations estivales que le bas du maillot, que j’achetais seul d’ailleurs, tant tout cela relevait de l’évidence. Des années plus tard, cette pub ne serait plus autorisée : dangers du soleil reconnus, désir de protéger nos seins l’âge aidant …
Qu’en est-il, en effet, aujourd’hui pour nous les quinquas qui affichons une liberté d’être comme bon nous semble ?
Il faut reconnaitre que, à la plage, nous avons, pour une grande majorité d’entre nous, adopté le « Une pièce« , plus seyant à une silhouette qui pourrait laisser un peu à désirer pour un oeil attentif. Or, ce qui est amusant, c’est que ce sont nos jeunes filles qui sont le plus critiques devant nos seins exposés, si nous nous hasardons de temps à autre à rouler le maillot. Il faut dire que le bronzage « monoï » n’est plus de mise, et ferait même vieux-jeu, en sus d’abimer la peau. (La marque Eres propose d’ailleurs chaque année des maillots une pièce absolument divins mais au prix hélas complètement prohibitif eu égard aux centimètres carrés de tissu !).
Chaque plage a aussi ses codes et il est plus banal d’aller seins nus à Saint -Tropez que dans une crique bretonne, où l’autochtone aurait tôt fait de nous rappeler de ranger tout ça là où ça doit être. Et pourtant quand je suis seule à la plage, il m’arrive encore de quitter le haut car je trouve qu’il y a là comme une liberté supplémentaire du corps, quelque chose de gai qui s’accommode bien du farniente des vacances. Loin d’être érotisée, la nudité du haut a là, à mon sens quelque chose de naturel, quelque chose que l’on vit de soi à soi. Il n’empêche que cette année encore, je mettrai mon bon vieux maillot une pièce et que de temps à autre après m’être assurée que les regards sont occupés ailleurs, je m’autoriserai cette liberté là qui n’appartient qu’à moi. Et vous, qu’en pensez-vous du Topless pour nous autres quinquas ?
[infobox bg= »redlight » color= »black » opacity= »on » subtitle= » Dominique Mallié, blogueuse nous livre chaque mercredi sa vision de cinquantenaire sur des sujets qui la touchent, l’émeuvent ou la font s’interroger sous la forme de chroniques au ton décapant. Elle tenait le blog «chic, j’ai cinquante ans » sur l’Express Styles avant de rejoindre Les Boomeuses. Prof de lettres, elle organise régulièrement des lectures de textes qu’elle écrit dans sa ville d’ Avignon. Passionnée d’art, elle court les expositions et nous fera également partager quelques-uns de ses coups de coeur pour les artistes. »][/infobox]
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Illustration JM Vintage
6 commentaires
Je suis quinqua, et je continue de pratiquer le topless. Vous le dites très bien : on se sent libre et gaie, délivrée des armatures et exposée au soleil (avec crême protectrice) et au doux vent marin. Ce n’est pas à notre âge qu’on va s’occuper du regard des autres, bien au contraire! Quant aux reproches des jeunes filles…. hum, je trouve bien moins vulgaire une poitrine quinqua nue, plutôt qu’un string qui dépasse du jean, mais ça, c’est mon ressenti 🙂
Vous avez bien raison de vous sentir libre de faire ce qui vous chante. c’est l’avantage des quinquas !
Oh oui, quel bonheur cette image que vous faites naitre : le soleil, le vent, bien protégées , la tranquillité, le bruit des vagues …. un peu loin des familles trop bruyantes, un bon bouquin, et la peau qui de temps à autre frissonne ….de plaisir
et en effet, le string qui sort , je trouve cela hyper vulgaire !
Nous avons pratiqué le topless dans nos jeunes années, bien sûr. Maintenant nous réservons cette « tenue » pour chez nous, dans nos jardins et autour nos piscines…
je dois bien reconnaître que j’ai abandonné le topless, il y a bien longtemps… Mais bon, je dirais, chacune fait comme elle le sent, non?
je ne suis pas quinqua mais quadra 🙂
je pratique encore. Comme je suis née en plein dedans et que ma mère le faisait depuis le debut, donc bien avant ma naissance, je n’ai connu que ça et c’est normal pour moi d’être seins nus. C’est plutôt contraignant pour moi de mettre un haut. En effet, bien plus que le simple fait d’éviter les marques de maillot, c’est aussi du confort, du bien etre.
Avoir les seins mouillés en permanence avec un soutif qui séche pas, ce tout sauf agréable…