C’est une lente maturation que ce truc-là : devenir grand-mère.
Il en a déjà été question sur ce site, en un temps où je me recroquevillais, rien qu’à entendre parler les copines qui m’avaient doublée sur la ligne de la grand-maternité.
Et voilà qu’il est temps que je dévore mon chapeau (rouge, comme ma honte en écrivant ces lignes) car voilà qu’arrive mon tour de rejoindre le clan des aïeules gâteuses.
Je vais donc faire amende honorable, et révéler aujourd’hui ce que j’ai pu observer depuis le jour fatidique où la nouvelle m’est tombée dessus.
– C’est une annonce exceptionnelle, puisqu’elle a eu le rare effet de me clouer le bec pendant plusieurs minutes. L’appel sur Facetime est arrivé comme un cheveu à l’heure de la soupe, révélant le visage hilare et radieux des deux complices responsables de la « chose », et celui, incrédule, des futurs pépé-mémé. Mais après, il faut savoir continuer à se taire : on meurt d’envie d’en parler à sa meilleure amie (et aux autres) et pourtant, motus imposé pendant au moins trois mois avant d’être autorisée à en faire part à toutes celles qui me prédisaient que ce jour arriverait, et que, comme tout le monde je deviendrais gaga, etc. Pff.
– C’est une annonce encore plus difficile à garder secrète lorsque le sexe du bébé est révélé (si tôt !) mais « quand même, attendons un peu d’en être sûrs… », alors que pendant tout ce temps on ne rêve que d’acheter de la layette rose (ou bleue). Argh.
– Ça y est. On a eu le droit d’en informer tout le monde, sauf peut-être ses contacts facebook. Jamais auparavant on n’avait eu une telle envie de publier un événement personnel sur son journal, mais faut pas exagérer, si la future maman n’en parle pas, qui suis-je pour le faire ? Cela dit, vu qu’on consulte les sites spécialisés, Facebook nous harcèle avec des pubs bien ciblées – qu’heureusement on est la seule à voir. Ouf.
– Ça y est. On entre dans les magasins ad hoc, en s’étonnant que tant de choses aient changé depuis le temps où l’on était sur le front soi-même. Comment ? On ne trouve plus nulle part de brassière en batiste ? L’air ahuri de la vendeuse de chez Natalys quand j’ai posé la question, et sa réponse (c’est quoi le « batiste ? ») m’a rappelée que je devenais grand-mère très tardivement. Grr.
– Ça y est. On se demande comment on va se faire appeler (comment on l’appellera, elle ou lui, reste le secret le mieux gardé depuis celui de la Licorne) et on meurt de rire avec son conjoint, le soir au lit : il penche pour « grand-papa », prononcé à la manière des aristocrates de Downton Abbey, tandis que je m’accroche à Babouchka. Comment ça, c’est dur à dire ? J’y suis bien arrivée, moi, avec la mienne ! Na.
– Ça y est. On découvre les joies du dépliage et du montage de la poussette et de ses multiples accessoires. Il faut au moins être neuro-chir’ pour en maîtriser la technique. Comment ? N’importe quelle gamine en est capable ? C’est bien ce que je disais. J’ai perdu la main. Et la notion de son prix : comme j’en admirais une dans le tram aujourd’hui, la nounou qui la conduisait m’a dit « Ah, ça, elle peut être belle, elle a coûté 1500 euros ». Gasp.
– Ça y est. On feuillette les livres et les magazines spécialisés. Il y en a mille fois plus que lorsqu’on avait acheté « J’élève mon enfant » vu par le Dr Spock ou Laurence Pernoud. On trouve même un rayon entier à l’usage des futurs papas. Je me demande ce que mon fils dirait, si je lui en offrais un. Je n’essaierai pas, il sait très bien manipuler une poussette, lui. Quelqu’un comprend très bien mon problème, qui a écrit « Devenir grands-parents pour les Nuls », et en BD en plus, car à cet âge-là, on ne sait même plus lire ! Sniff.
– Ça y est. On sait qu’un lit parapluie ne sert pas que par nuit de pluie, et tout ce qui concerne les échographies en 3D, les turbulettes avec manches amovibles et autres gigoteuses, les arcanes des maternités, et la durée ridicule du séjour post-natal. « Comment ? Tu y es restée sept jours ? T’étais malade ? » Non, on prenait juste son temps, de mon temps ! LOL.
Aïe. Les mots révélateurs sont sortis de ma bouche. « LOL » et « de mon temps ».
Il ne me reste plus qu’à partager par mail des diaporamas de volcans, et mon sort sera scellé.
Mais promis, jamais, au grand jamais, je ne vous imposerai de regarder en boucle les photos de cette merveille sur mon portable, même si elle est la plus belle de l’année (et qui osera me dire le contraire ?)
Sauf, bien sûr, si vous me le réclamez.
[infobox bg= »redlight » color= »black » opacity= »on » subtitle= » »]Cathie Fidler est écrivain, auteur de romans et nouvelles. Découvrez son blog Gratitude[/infobox]
Lire aussi de Cathie Fidler : le rose est mis
3 commentaires
Tu vas voir c’est trop trop génial…Le seul truc auquel je n’ai pas réussi à adhérer c’est l’écharpe..trop compliqué …mes filles m’ont dit que j’étais une mule…que je n evoulias pas comprendre..J’en ai un de 15 ans (adopté)beaucoup chez moi et à 58 ans ,je suis ravie de ne pas être une vieille maman mais disons une (encore )jeune grand mère ,une de 6 ans et demi ,qui trouve qu’il serait temps que j’arrête de travailler ..La retraite en Belgique est à 65 ans mais je crois que l’idée est que je m’occupe plus d’elle et un de 19 mois ,trop mignon et intelligent et marrant aussi…Allez envoie l’écho morpho 🙂
Ah ! Nous y voilà ! Tu comprends, à présent ! Je suis ravie que tu rejoignes le club, et tu t’impliques déjà à fond : ça ne pourrait être autrement. Par contre, je ne suis pas d’accord avec l’idée de vieillissement sous-entendue dans tes propos 😉
On ne devient pas des pépés-mémés gâteux. Les petits-enfants, au contraire, nous permettent de rester jeunes, car on va les suivre, hopefully, pendant suffisamment d’années pour apprendre comment vivent les bébés, puis les écoliers, puis les ados, et peut-être plus encore. On va jouer, parler, écouter, etc. Ils nous apprennent des tas de choses sur la vie et la société d’aujourd’hui, des choses que l’on ne trouve pas dans les livres ni dans les journaux. Leur compagnie est tellement plus enrichissante et intéressante que celle des vieux ronchons !
Je te souhaite beaucoup de bonheur avec ce petit être sans prénom encore, mais chéri(e) (?) de tous !
Merci des encouragements divers, et de vos expériences si touchantes.
Pour l’écharpe : je viens d’apprendre qu’il existe des « monitrices de portage » !!! Le monde du nourrisson réserve des trésors de surprises en tous genres, mais j’avoue rester incapable de manipuler la moindre poussette, avec ou sans bébé dedans. Cela dit, je reconnais que la présence de ce dernier n’est pas la pire chose qui me soit arrivée depuis des décennies. Scoop pour les Boomeuses : C’est une fille, et elle est ravissante en rose ! Si, si.