La journaliste et réalisatrice Camille Nahum, créatrice entre autres du magazine culinaire Les Secrets des grands chefs, signe un premier livre à la fois drôle et savoureux, qui explore les coulisses les plus inattendues de la gastronomie. Préfacé par le chef médiatique Norbert Tarayre aux fourneaux du Prince de Galles à Paris, l’ouvrage est un bouillon de culture, d’humour et de gourmandise, à déguster comme une boîte à histoires.
On y apprend, par exemple, qu’il existe un caviar… à 4000 dollars la bouchée ! Ce « caviar albinos en poudre », surnommé « or blanc », est produit à partir d’esturgeons centenaires à la peau blanche, rarissimes dans le monde. Mélangé à de la poudre d’or comestible, il se vend dans des boîtes en or 24 carats. Une extravagance culinaire qui prouve que certains plats dépassent largement le prix de notre collier de perles.
Autre révélation : les sushis que nous associons naturellement au Japon sont, en réalité, d’origine… chinoise. Dès le IVᵉ siècle av. J.-C., les Chinois conservaient le poisson dans du riz fermenté, inventant sans le savoir l’ancêtre du sushi. Ce n’est qu’au XIXᵉ siècle, à Edo (l’actuel Tokyo), qu’apparaît le nigiri-sushi tel qu’on le connaît aujourd’hui. Et ironie de l’histoire : en France, ce sont surtout les restaurateurs chinois qui, au début des années 2000, ont relancé la mode des sushis en se reconvertissant pour sauver leur commerce. A raconter à vos grands ados !
L’artichaut, lui, a connu une réputation bien plus sulfureuse qu’on ne l’imagine. Jusqu’au XVIIᵉ siècle, il s’écrivait « artichaud » et passait pour un aphrodisiaque redoutable. Les marchands n’hésitaient pas à vanter leurs légumes en criant : « Achetez mon bel artichaud, pour réchauffer le cul et l’âme ! ». Considéré comme un excitant sexuel, il était interdit aux femmes, jugées « dépravées » si elles en consommaient, tandis qu’il était réservé aux hommes riches. C’est Catherine de Médicis qui a fini par le démocratiser, transformant ce légume sulfureux en un incontournable de la table française. Merci à elle !
Et que dire de la Tarte Tropézienne, star incontestée des étés azuréens ? On la doit à Alexandre Micka, un pâtissier polonais installé à Saint-Tropez, qui s’était inspiré d’une brioche à la crème que lui préparait sa grand-mère. Lors du tournage de Et Dieu… créa la femme en 1955, Brigitte Bardot en tombe littéralement amoureuse et suggère de lui donner le nom de « Tropézienne ». La suite est une légende : ce gâteau d’origine polonaise est devenu un emblème provençal, servi aussi bien aux touristes en tongs qu’aux stars en yacht. Fun fact : en 2018, c’est même une Tropézienne qui a été servie lors de la rencontre entre Donald Trump et Kim Jong Un à Singapour… sans miracle BB !
Avec ce livre, Camille Nahum nous rappelle que la cuisine n’est jamais qu’une affaire de recettes. Derrière chaque plat, il y a une histoire, parfois poétique, parfois loufoque, toujours savoureuse. À notre âge, on croyait avoir tout entendu… eh bien non ! La cuisine a encore de quoi nous surprendre.
Camille Nahum
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Anne Bourgeois
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